Chronique #13 : Forbidden, Tabitha Suzuma

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SUZUMA, Tabitha, Forbidden, Definitions, 432p., environ 8€ (2010), 5/5 étoiles
Bonjour !

Je vous retrouve aujourd'hui pour vous parler d'un livre qui a incontestablement marqué mon année 2015, voire ma vie littéraire toute entière - oui, oui, tant que ça. 

Ce livre, c'est Forbidden, de Tabitha Suzuma, une jeune romancière Anglaise spécialiste du roman Young Adult. C'est ainsi que l'auteur nous plonge dans un Londres sans ambages, ni raffinement, à l'image des deux jeunes héros : Maya et Lochan. Tous les deux sont au lycée, avec des fortunes diverses. Si Maya ne vit pas cette période de l'adolescence avec des difficultés spécifiques, Lochan, lui, ne peut parvenir à se socialiser : même prendre la parole en cours lui demande un énorme effort. 
Les galères s'enchaînent quand ils passent le seuil de leur maison, puisqu'ils ont à leur charge leurs trois petits frères et soeurs qui leurs demandent toute leur attention. Leur père ne leur donne aucune nouvelle, tandis que rares sont les moments où leur mère daigne leur accorder sa présence, passant la majeure partie de son temps chez son petit-ami. 

Malgré tout, la fratrie reste très unie, les deux aînés étant la pierre angulaire de la tribu. Mais ce qu'ils pensent être le pire se produit lorsque les deux confidents se rapprochent plus qu'il n'est convenu de l'être : Maya et Lochan sont en train de tomber amoureux l'un de l'autre. Comment réussir à s'aimer quand les moeurs sont contre vous ?

Je tiens à le re-préciser une nouvelle fois : ce livre est une merveille. Une fois commencé, il est impossible à lâcher : les événements s'enchaînent avec fluidité et la trame s'emballe crescendo. La fin du roman ressemble à un énorme feu d'artifice, sauf que c'est notre coeur à nous, qui explose. Je tremblais pendant ma lecture, je n'ai pas pu m'arrêter de pleurer pendant des heures. Et il est d'ailleurs compliqué de se plonger dans un autre livre durant un moment, tellement cette expérience est forte…

Le postulat du roman peut choquer, voire révulser à première vue. L'inceste est l'un des plus grands tabou de notre société, ainsi il peut être extrêmement difficile de le voir "romancé" de la sorte. Cependant, il est important d'annoncer que cette relation est totalement consentie des deux côtés : comme le dit Maya, ils ont simplement eu le malheur d'avoir les mêmes géniteurs. Toute leur vie, ils ne se sont jamais considérés comme frère et soeur, mais davantage comme meilleurs amis, confidents. L'amour était donc une suite logique de leur relation. Je félicite Tabitha Suzuma d'être parvenue à relater une telle histoire avec autant de brio et de poésie. Je ne peux que vous conseiller de donner sa chance à ce livre, qui risque bien de vous marquer durant un très long moment. 

Et vous, avez-vous déjà ressenti de tels sentiments devant un livre ? Vous est-il déjà arrivé de pleurer sans vous arrêter face à un roman ?


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Chronique #12 : Lisbonne, Fernando Pessoa

13:25 MandyBooks 0 Commentaires

PESSOA, Fernando, Lisbonne, 10/18, 117p., 4,10€ (2000), 3/5 étoiles.


Bonjour à tous ! Après cette loooongue absence de plus de trois mois sur le blog sans aucune MaJ, je tiens à préciser une chose : I'M BACK TO BUSINESS ! :D 
J'ai eu la chance de partir pendant de longues semaines en vacances, ce qui explique en premier lieu l'abandon du blog. Mais la rentrée approchant, je reprends un rythme normal !
Et qui dit nouveau départ, dit aussi nouvel habillage ! La nouvelle interface est encore en construction, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. 

Entre autres, pendant ces mois d'été, j'ai eu la chance de partir quelques jours dans l'une des villes qui me faisait rêver depuis plusieurs années… Lisbonne, la capitale Portugaise !


Cette ville est tout simplement MAGNIFIQUE. Lisbonne a un charme particulier, l'impression que la ville se prélasse elle-même, contemple ses côtes avec le Tage, prend un bain de soleil perchée le haut du Castelo St Jorge… le tout en étant parfaitement accessible économiquement ! Si vous aimez Barcelone, mais que vous êtes fatigués de son ambiance électrique, dénaturée par la masse de touristes, alors Lisbonne est faite pour vous. Bien sûr, on rencontre quantité d'étrangers (et surtout des Français!), mais la cité parvient tout de même a garder son authenticité, d'autant plus si vous résidez dans le quartier d'Alfama, totalement typique du Lisbonne du XIXeme siècle !


C'est donc tout naturellement qu'en rentrant en France, j'ai eu envie de prolonger mon expérience Lisboète. Pour ce faire, je me suis plongée dans le bien nommé Lisbonne, de Fernando Pessoa.

Fernando Pessoa est un poète et romancier Portugais, du début du XXeme siècle. Il n'a pas connu la gloire de son vivant et est mort très jeune en raison de son alcoolisme. Pourtant, Pessoa est aujourd'hui considéré comme un auteur majeur de la littérature portugaise et lusophone, et un grand nombre de ses écrits n'ont pas encore dévoilés leurs secrets. 

Né à Lisbonne, mais ayant déménagé très vite vers Durban, en Afrique du Sud, Pessoa a gardé une très grande tendresse, se muant même en admiration, pour sa ville d'origine. En revenant, il redécouvre toutes les petites ruelles, les places, les parcs… Et s'attèle, dans les années 1920, à écrire un livre à destination des touristes, ayant comme ambition de recenser tout ce qu'il faut voir à Lisbonne. 

Ainsi, l'auteur livre une description détaillée de tous les lieux de la capitale, en partant de la Praça do Comercio, jusqu'à la Tour de Belem et le Mosteiro dos Jerónimos. Si ce petit voyage permet d'en apprendre un peu plus sur les lieux emblématiques de la cité, notamment sur leur histoire, l'énorme accumulation de détails est assez déroutante… voire ennuyante, par moments, puisque j'avais l'impression de lire un article Wikipédia, sans âme particulière ! Je m'attendais à une description bien plus romancée, romantique, et je suis finalement tombée sur une sorte d'atlas. 


Un autre point m'a quelque peu déçue : Pessoa souhaitait faire découvrir les environs de Lisbonne, et notamment la sublime petite ville de Sintra, classée au Patrimoine Mondial de l'Humanité depuis, regorgeant de palais tous plus beaux les uns que les autres. Sauf que… la description du village n'excède pas quelques lignes !

Toutefois, j'ai bien apprécié le fait que ce livre me permette de découvrir la ville une seconde fois, sous le prisme du début du XXème siècle, là où la ville était encore bouleversée par le grand tremblement de terre de 1755. Et, tout le long, je ne pouvais m'empêcher de me poser les questions suivante : qu'est ce que Pessoa aurait pensé de la Lisbonne d'aujourd'hui ? Aurait-il été heureux de son succès auprès des voyageurs, ou au contraire déploré le risque d'uniformisation de la capitale ? 

En conclusion, je vous conseillerais ce livre si vous êtes déjà allez à Lisbonne et que vous souhaitez prolonger l'expérience, ou alors si vous comptez y aller et avoir un premier descriptif de la ville pour ensuite la découvrir pour de bon ! 


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Réflexion livresque #1 : Que cherchons nous dans les romans d’anticipation ?

11:30 MandyBooks 2 Commentaires



J’ai décidé d’inaugurer une rubrique un peu particulière aujourd’hui. J’aime beaucoup livrer mes sentiments quant aux livres que je viens de terminer, mais je souhaiterais, de temps en temps, aller au delà. Partager une réflexion plus globale, profonde aussi, peut-être. 

Vous l’avez sûrement remarqué par le biais de mon blog, ou alors si vous me suivez également sur Goodreads : je suis une fervente admiratrice des romans d’anticipation. On les appellent également « dystopies », ou on les regroupent sous l’imposante catégorie prénommée « science-fiction ». Mais cette question terminologique importe peu, puisqu’après tout, l’important est de cerner la réalité que ce terme recouvre : imaginer notre société dans un futur plus ou moins proche, où les individus ne pourrons pleinement se réaliser car empêchés par une force extérieure. La plupart du temps, cette dernière s’avère être un gouvernement totalitaire. Vaste sujet. 

Les dystopies se sont développées au cours du XXeme siècle. De tête, Nous autres de Ievgueni Zamiatine tient la grappe, bien que d’autres doivent lui être antérieurs. S’en sont suivis, dans les années 1940-1950, des énormes classiques de la littérature : 1984, Le Meilleur des Mondes, Chroniques Martiennes, Fahrenheit 451… Plus récemment, Philip K. Dick, Margaret Atwood ou encore le français Jean-Christophe Ruffin ont pris le pas.

Mais ce genre a réellement repris de l’engouement avec les dystopies jeunesses, adaptées au cinéma ou à la télévision. Pour les plus connues, on va citer les incontournables Hunger Games, Divergent, The 100, The Maze Runner ou encore The Giver. J’avoue avoir commencé avec cette nouvelle école. Je suis une fan absolue de la sage The Hunger Games. Alors je suis d’accord, l’idée est totalement pompée sur « Battle Royal », d’origine japonaise, mais il n’en reste pas moins que cette sage signifie beaucoup pour moi : lire un personnage bad ass comme Katniss Everdeen m’a fait un bien fou, pour ne citer que cet exemple. Un succès entraînant un autre, je me suis attelée à la lecture de Divergent, et d’autres, un poil plus confidentielles, vont suivre.

Mais cette découverte jeunesse m’a peu à peu amenée vers les romans d’anticipations plus exigeants, comme 1984, qui m’a retourné dans ma chaire. À la fin de cette lecture, j’étais tellement mal que je me suis demandée pourquoi je m’infligeais des ouvrages si noirs, pessimistes. Après tout, que recherchons nous dans ces livres ? À nous faire peur, ou au contraire à nous rassurer ?




Je n’aiderai personne en pensant qu’il y a surement un peu des deux. Les descriptions de mondes post-apocalyptiques, ravagés par les guerres et la pollution ne peuvent que nous faire frissonner. Surtout sachant le contexte : les individus ouvrent enfin les yeux sur les particules fines qui empoisonnent régulièrement les grandes villes du monde, la situation géopolitique (faut-il citer l’Ukraine?) se tend peu à peu. Les partis xénophobes n’ont jamais été autant populaire dans l’opinion publique. La Loi Renseignement a été adoptée en France, donnant un aspect Orwellien à notre société. Les situations évoquées dans ces romans paraissent de plus en plus plausibles. Le tout, sous une apathie des citoyens. Lire des romans d’anticipation serait-il une manière de nous préparer, tout doucement, vers ces sociétés vers lesquelles nous convergeons ? À nous conditionner au pire, à savoir comment réagiraient les gens sous une dictature a demi-voilée ? Comme je l’ai dit dans ma chronique précédente, j’ai été frappée par une citation :

Les masses ne se révoltent jamais de leur propre mouvement, et elles ne se révoltent jamais par le fait qu’elles sont opprimées. Aussi longtemps qu’elles n’ont pas d’élément de comparaison, elles ne se rendent jamais compte qu’elles sont opprimées.

Le processus semble chaque fois en marche, sans que personne ne soit capable de l’arrêter. À glacer le sang.

Mais une figure récurrente intervient systématiquement dans ce type de romans : le rebelle. Que ce soit Katniss Everdeen, Winston Smith, Tris Prior, Guy Montag, tous cherchent à inverser le cours des choses. Héros révolutionnaires, ils incarnent l’espoir d’un retour vers une civilisation démocratique. Ils prouvent que toute révolte ne peut être tue, et que bien organisée, elle peut renverser un pouvoir totalitaire (cela nous vous rappelle t-il pas quelque chose, notamment dans une histoire de France pas si lointaine que cela ?).

Lire des romans d’anticipation serait alors, paradoxalement, une façon de reprendre confiance dans le genre humain. Une manière de se prouver que tout n’est pas voué à partir en cacahuètes, que l’Homme ne peut rester passif indéfiniment. Mais… Quel enseignement tire t-on lorsque ces dites révolutions sont confisquées ? Que l’attrait du pouvoir est plus fort que tout ? Que l’on ne peut réellement faire confiance à quiconque ? Ou l’image du serpent qui se mord la queue…

Au final, je pense que l’enseignement supérieur qui se détache de ces bouquins est que nos libertés sont fragiles, et qu’il faut rester, en toutes circonstances, vigilants quant à leur préservation. Qu’il ne faut pas attendre que le mal soit ancré pour le combattre. C’est cette version que, personnellement, je souhaite garder en tête après chacune de ces lectures. C’est utopique, oui, mais peut-être bien que la dystopie veut nous amener vers ce point. Comme l’utopie nous fait voyager vers son contraire.

Et vous, lisez-vous des romans d’anticipation ? Si oui, qu’en pensez-vous ?

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Chronique #11 : 1984, George Orwell

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ORWELL, George, 1984, e-book, 8,50 € en livre de poche, 438p. (1949). 5/5 étoiles. 

Ma grande affection pour les dystopies me perdra… Il y a quelques jours, j'ai lu 1984, soit LE grand roman de George Orwell ! L'année dernière, je m'étais plongée dans La Ferme des Animaux, et j'avais déjà été frappée par le pessimisme de ses récits. Un pessimisme au service d'une satyre sociale et politique.

Ici, ce sentiment est davantage exacerbé. Nous sommes en 1984, en Océania, force politique rassemblant les puissances anglo-saxonnes. En face, il y a l'Eurasia, l'équivalent de l'Europe, et l'Estasia, correspondant à l'Asie. L'Océania est en guerre contre l'Eurasia. Ou l'Estasia. Au final, on ne sait plus trop. Et au milieu de ce capharnaüm policé, nous retrouvons Winston Smith. Il travaille pour le parti intérieur de l'ANGSOC, au pouvoir en Océania, incarné par le grand Big Brother. Et entretemps, il est surveillé par des télécrans, ayant comme but de scruter tous ses faits et gestes. 

Mais Winston ne veut plus de cette vie là. Travaillant au service des archives, il se rend bien compte des mensonges du parti. Big Brother avait annoncé, un an plus tôt, que la ration de chocolat serait de 30 grammes par semaine, mais l'objectif n'est finalement pas atteint ? Changeons, alors ! Big Brother vous avez annoncé qu'elle serait de 15g, et elle est passée à 20 ! Vive Big Brother ! Voilà à quoi se résume le travail de Winston. 

Il sait qu'il ne peut pas renverser le parti seul. Certains ont essayé et ont été rayés de la mémoire collective. Plus aucune trace. Alors il espère que consigner ses mémoires dans un carnet, à destination des générations futures, aidera. Mais il sait que c'est peine perdue. Big Brother gagne toujours. Toujours.

Je préfère vous prévenir de suite : à la fin de cette lecture, j'ai perdu toute foi en l'humanité. Cela n'a beau être qu'un récit, il contient une force qui vous transperce, qui vous transporte au-delàLa marque des grands romans, sûrement. Et surtout, je trouve ce roman très actuel : alors certes, tous les pays ne sont pas continuellement bombardés, nous ne sommes pas forcés de crier quotidiennement notre haine contre le traite de la nation durant un certain laps de temps… Mais il n'en reste pas moins que nous tendons vers une surveillance généralisée. Le scandale de la NSA n'est pas si loin. 

Je resterai évasive sur ce point, pour ne spoiler personne, mais la dernière partie du roman est un supplice. Nous vivons tout comme Winston, intensément. Puis, un propos de George Orwell m'a fait tiquer : pourquoi les masses, qui sont les grandes perdantes de l'histoire, vivant dans une précarité extrême, ne se révoltent-elles pas, sachant qu'elles ont l'avantage du nombre ? Tout simplement car n'ayant pas de moyens de comparaison, elles ne se rendent pas compte de leur soumission. Percutant.

Cette chronique peut peut-être rebuter, j'en ai conscience, mais au final, ce roman est réellement à lire ! Il ne fait que nous ouvrir les yeux sur un passé exécrable (ce récit étant une critique du régime Stalinien) et nous préviens de ce qui pourrait advenir si nous ne restons pas vigilants. Un simple conseil : mangez une bonne pâtisserie à côté, cela vous réconfortera.



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Chronique #10 : The Guest Cat, Takashi Hiraide

15:59 MandyBooks 0 Commentaires

HIRAIDE, Takashi, The Guest Cat, Picador, 140p., environ 8 euros (2001), 3/5 étoiles.


Aujourd'hui, je vais vous parler d'un petit roman japonais, traduit en anglais et lu par une française. La joie de la mondialisation ! Plus sérieusement, je vais vous donner mon ressenti quant à la lecture de The Guest Cat (Le chat qui venait du ciel, en français), qui fut assez mitigée

Dans ce récit, nous allons à la rencontre d'un couple de trentenaires, vivant dans une banlieue paisible de Tokyo. Tous les deux éditeurs, ils vivent une vie morne, monotone. Mais tout bascule lorsqu'une chatte débarque dans le quartier et leur fera réapprendre les petits plaisirs de la vie. 

Ça a l'air pathos dit comme ça, mais c'est bien plus suggéré en réalité. Takashi Hiraide est connu pour produire beaucoup de poésie et, même si l'on est face à un roman, on ressent bien la patte lyrique insufflée au récit, lui donnant une extrême sensibilité. 

J'attendais énormément de ce livre puisque je suis une grande amoureuse des chats (et surtout du petit roux sur la photo). Et je dois avouer que j'en ressort un peu déçue : certains passages du bouquin m'ont fait sourire, m'ont amusé, m'ont touché. Mais au final, de nombreux passages ne sont mémorables. Je ne sais pas si j'ai manqué quelque chose, ou si au final cette platitude, certes très belle, n'est pas faite pour moi. Je pense redonner sa chance à ce livre d'ici quelques temps, et je ne désespère pas de l'apprécier davantage ! Et puis, il faut avouer que la couverture de l'édition anglaise est simplement sublime, rien que ce point donne envie d'ouvrir ce livre !

Si vous aimez la littérature japonaise et que vous souhaitez une lecture simple, courte, s'attachant aux petits détails de la vie, je vous conseille de vous plonger dans The Guest Cat. Après 1984, j'avoue que cette lecture m'a fait le plus grand bien. Toutefois, attention à l'édition anglaise : le style est assez ardu et il faut s'accrocher, bien que cela peut en valoir la peine !

À bientôt pour une nouvelle chronique :)

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Chronique #9 : Le Joueur d'Échecs, Stefan Zweig

18:02 MandyBooks 3 Commentaires

ZWEIG, Stefan, Le Joueur d'Échecs, E-book, 128p. en livre de poche, environ 3€, (1943) 5/5 étoiles


En ce 1er mai grisâtre (pour les plus chanceux comme moi), ou pluvieux (pour les plus malheureux), je vous propose de vous réchauffer le coeur avec une superbe nouvelle écrite par Stefan Zweig… Le Joueur d'Échecs

À bord d'un paquebot emmenant ses voyageurs vers l'Argentine, le narrateur, d'origine Autrichienne, est piqué de curiosité par la présence de Czentovic, aka LE champion du monde des échecs ! 
Surtout que… Czentovic est le genre d'homme imbu de lui-même : rien dans la tête, tout dans le porte-monnaie, pour caricaturer. Face à ça, les voyageurs du bateau n'ont qu'une seule envie : affronter le champion et le battre. Sauf que Czentovic n'est pas champion du monde pour rien… Les défaites s'enchaînent, jusqu'à ce qu'un homme mystérieux intervienne dans la partie et permette aux outsiders de faire match nul. Mais qui est donc cet homme ?

Je ne sais pas si j'ai réussi à vous donner envie de lire cette nouvelle avec mon résumé teinté de suspense (oui, oui), mais je peux vous assurer que cette nouvelle se lit d'une traite sans même s'en rendre compte ! 

Pourquoi est-ce que ça m'a plu ? Tout d'abord grâce au style, que j'ai trouvé magnifique. Zweig a une écriture envoûtante : les mots sont simples, mais tellement bien choisis, à tel point que l'on se sent happé par le récit et que l'on ne souhaite plus en sortir. Puis, et surtout, grâce à la mise en abîme du récit. Je n'en dévoile pas plus, mais vous découvrirez un récit dans le récit, que j'ai trouvé passionnant. 

Cette nouvelle est d'ailleurs le dernier écrit de Stefan Zweig. L'écrivain autrichien s'est suicidé en 1942, n'ayant plus d'espoir en l'humanité face aux crimes que commettaient les nazis à cette époque. 

Ce récit a parfaitement rempli son rôle, selon moi : il donne envie de découvrir l'univers de l'auteur et de se plonger dans des romans bien plus longs. Pour ma part, la biographie de Marie-Antoinette me fait de l'oeil ! 

Je termine par vous souhaiter une bonne journée de repos à tous. Profitez-en pour lire un peu ! 

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Book Haul #1 : La trilogie Divergent et… un Kindle !

14:37 MandyBooks 2 Commentaires


En attendant de pondre ma prochaine chronique (au choix : Lettre à mes Tueurs, Le Joueur d'Échecs, The Guest Cat ou encore 1984… J'ai du stock!), je publie mon premier book haul

J'essaie au maximum de me limiter dans l'achat de livres… Pas par manque d'envie, loin de là, mais parce que ma PAL est déjà bien conséquente ! Mais ces derniers jours, j'ai craqué… Et pas qu'un peu !

Il y a quelques jours, je suis -enfin- allée voir le deuxième volet de la série Divergente au cinéma. Alors que le premier m'avait plus sans me laisser un souvenir mémorable, celui-ci m'a carrément motivée à me mettre à cette saga ! Et comme je pars en vacances la semaine prochaine, dans un endroit où me connecter à l'Internet sera très difficile, je ne pense pas qu'elle fera long feu.

Et ensuite, je me suis pris un Kindle… Il faut dire que le week-end dernier, Amazon a baissé sa Paperwhite de 30 euros. Couplé au fait que j'avais une carte cadeau de 20 euros, je n'ai pas pu résister très longtemps… Mais c'est sans regrets, car j'en suis déjà satisfaite ! La lecture est très agréable, les diverses options très pratiques (comme jauger combien de temps va durer la lecture d'un chapitre… Sympa quand on a pas beaucoup de temps devant soi !). J'ai déjà pas mal d'e-books dessus, à tel point que je ne sais plus où en donner de la tête.

Je tiens à préciser que ce n'est en rien un achat anti-livres. J'adore les livres, et je continuerai d'en acheter, c'est certain ! Sauf que ces achats seront certainement plus raisonnables, et qu'ils me permettront de constituer une bibliothèque réfléchie, à mon image, et constituée de belles éditions.



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Chronique #8 : Mémoire de mes putains tristes, Gabriel García Marquez

16:21 MandyBooks 0 Commentaires


GARCÍA MARQUEZ, Gabriel, Mémoire de mes putains tristes, Le Livre de Poche, 158p., 5,10 € (2014/1993). 5/5 étoiles


Gabo, Gabo, Gabo… Comment dire à quel point j'aime cet auteur ? Je l'ai découvert l'été dernier, avec son grand chef d'oeuvre, le merveilleux Cent ans de solitude. Une claque. Son style percutant, qui mêle magie et délicatesse m'a conquise. Il était clair que j'allais renouveler l'essai, et j'ai décidé de jeter mon dévolu sur le très intéressant Mémoire de mes putains tristes… 

Dans ce récit, G.G.M. narre la prise de conscience du héros, un homme qui, à la veille de son quatre-vint-dixième anniversaire, souhaite faire l'amour à une jeune fille vierge. Ça a l'air très étonnant dit comme ça, mais en réalité, ce roman est très beau. Le vieil homme, par cet acte, délivre un message très intéressant sur la perception de la virginité, tant vénérée, sur les conditions de vie des prostituées, mais aussi et surtout sur la vieillesse. 

À quatre-vingt-dix ans, ce vieux journaliste ne semble plus avoir peur du temps qui passe et porte un regard émouvant sur sa vie passée. À l'aube de sa mort, il ne lui reste que peut de temps pour parvenir à vivre sans regrets. À vivre avec amour

Je pense que ce roman peut être une bonne introduction à l'univers du génie Colombien. On y retrouve ses thèmes fétiches : la vieillesse, l'amour, les bordels… C'est cru, certes, mais qu'est-ce-que c'est bien ! 


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Chronique #7 : The Giver, Lois Lowry

19:09 MandyBooks 0 Commentaires

LOWRY, Lois, The Giver, Harper Collins, 323p., environ 10€ (2014/1993). 4/5 étoiles

Salut la compagnie ! Le blog a un peu été laissé à l'abandon ces derniers temps, à mon plus grand désarroi… Je traverse une période assez chargée en ce moment, puisque je dois postuler pour des masters et passer quelques concours ! Vous l'avez compris, à part les bouquins de sociologie, je n'ai  pas le temps de lire grand chose d'autre… 

Le week-end dernier, j'étais sur Paris - pour un concours, d'ailleurs - et j'en ai profité, avec mon chéri, pour faire un peu de shopping. Et en chemin, je suis passée par la librairie Shakespeare & Co ! De nombreux parisiens doivent déjà connaître cette étape, mais je ne saurai que vous la conseiller : les locaux sont magnifiques, les livres s'empilent à perte de vue, l'âme British est omniprésente… Bref, le rêve ! Ah, et aussi, il y a un gentil chat qui fait dodo à l'étage (le chanceux !). 
Anyway, tout ça pour vous dire que j'ai mis dans mon butin "The Giver" ("Le Passeur") de Lois Lowry, une dystopie jeunesse dont la lecture me tente depuis un bon bout de temps… 

"The Giver" est un roman publié en 1993, devenu un phénomène mondial. C'est un peu l'ancêtre des "Hunger Games" et autres "Le Labyrinthe", m'voyez. D'ailleurs, il a lui aussi été adapté au cinéma l'été dernier, mais d'après les échos que j'en ai eu, le résultat est assez moyen. 

Dans ce roman donc, on suit Jonas, un enfant de 11 ans, évoluant dans une société aseptisée, jugée parfaite puisqu'il n'existe aucun conflits. À 12 ans, chaque enfant se voit désigner une tâche, un travail qu'il effectuera quasiment toute sa vie, et cette tâche a été choisie par un comité observant la vie en société. Mais Jonas, lui, a été sélectionné… Pour être le nouveau Dépositaire de la Mémoire - Receiver of Memory. Le but de ce job très spécial ? Emmagasiner tous les souvenirs, les émotions, les récits issus de l'humanité. Mais lorsqu'il expérimente la douleur, l'amour, la vision des couleurs, il veut partager ces sensations au reste de la communauté, même si, pour cela, il faut braver les interdits…

J'ai bien aimé cette dystopie, très bien trouvée, dénonçant les travers d'une société trop parfaite. Le rythme de l'histoire m'a assez décontenancée : tout est très calme ! Le récit met du temps à se mettre en place, puisque l'assignation de Jonas n'est donnée qu'au bout du huitième chapitre. Cela contraste avec Hunger Games où Primerose est moissonnée pour les Jeux dès le premier chapitre. 

Bien qu'il y ait beaucoup de poésie, de "morale", je dois dire que je m'attendais à un petit peu mieux. Encore une fois, je pense que c'est par mon habitude des livres un peu plus "spectaculaires", et peut-être aussi parce que je commence à me faire un peu vieille (eh oui). 

L'action parvient à s'emballer dans les derniers instants du récit, et la fin, très ouverte, donne très envie de parcourir la suite. Je ne pense pas m'y mettre pour de suite, mais je suis curieuse de voir ce que peut donner ce nouveau tome. À plus tard, Lois Lowry ! 

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Chronique #6 : Nous sommes tous des féministes, Chimamanda Ngozi Adichie

16:26 MandyBooks 0 Commentaires



ADICHIE, Chimamanda Ngozi, Nous sommes tous des féministes, Folio 2€, 91p., 2€ (2015), 5/5 étoiles

Aujourd'hui, je vais vous parler d'un livre quelque peu spécial, puisque, pour la première fois, je vais vous exposer ma lecture d'un essai. Pas n'importe quel essai en vérité, pas du genre que l'on vous impose, pas du domaine du livre à rallonge. Non. Je vais vous parler d'un essai sur le féminisme touchant, percutant, bref, mais surtout particulièrement bien écrit et intelligent. 

Je suis tombée sur ce livre totalement par hasard. Lors de ma pause déjeuner à la librairie (juste un aparté, mais ces moments où je suis seule dans la librairie, le plus souvent éteinte, restent toujours  des moments magiques), je l'ai vu, ce petit bouquin. Je n'étais pas partie pour acheter en livre, mais là, je n'ai pas pu résister. Il était là, devant moi, fait pour moi, semblant m'appeler, me demander de le saisir (oui, les livres parlent, aussi). Puis j'ai lu le court paragraphe de présentation, et là, il était évident que je ne pouvais pas résister. 

Être féministe n'est pas un gros mot, contrairement à ce que beaucoup semblent croire. Je suis féministe, je le revendique et j'en suis fière. Non, l'égalité n'est toujours pas acquise. Oui, nous devons continuer à nous battre pour gagner de nouveaux droits. L'égalité des salaires bien sûr, mais pas que. La condamnation pure et dure et l'arrêt du slut-shaming, la fin de la culture du viol, la réforme de la langue française, l'acceptation des différentes identités sexuelles… Nous avons encore un long combat à mener. 

Et ce petit livre l'expose très bien. Chimamanda Ngozi Adichie est une auteure nigériane reconnue, saluée par la critique pour ses romans, dont le dernier en date Americanah est semble t-il une pépite (il me tarde de le dévorer !). Dans cet essai, tiré de sa conférence au TEDx sur le féminisme, elle parle du sexisme banal, celui qu'en temps que femme nous rencontrons tous les jours et qu'à force, c'est malheureux, nous ne remarquons même plus. Cela passe par le fait de ne pas avoir trop d'ambition dans la vie, pour ne pas faire de l'ombre aux hommes, par le fait de devoir féliciter son conjoint pour avoir changé bébé après le travail, alors que lorsque la femme le fait, cela n'est en rien d'un exploit. Le fait qu'un serveur se tourne toujours vers l'homme au moment de payer, le fait qu'il soit évident qu'un garçon soit chef de classe, même si une fille a de biens meilleurs résultats que lui. Des injustices quotidiennes sur le genre, inculquées dès le plus jeune âge, faisant de notre monde celui qu'il est, poussant à persuader les individus que lorsqu'une femme se fait violer, prenons cet exemple, c'est qu'elle a forcément sa part de responsabilité dans ce drame dont elle n'est que la VICTIME, rappelons le. C'est moche, hein ?

Si j'étais riche, j'offrirais ce livre à tous les collégiens et lycéens. Puis à leurs parents, aussi, tant qu'à faire. Ce livre est pour moi d'utilité publique, vous l'aurez compris. Mais en attendant, je ne peux qu'encourager tout le monde de visionner la conférence dont est tirée ce magnifique essai. Si cela peut toucher quelques personnes, ce serait déjà une grande victoire. 


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Chronique #5 : Between the Lives, Jessica Shirvington

17:14 MandyBooks 0 Commentaires


SHIRVINGTON, Jessica, Between the Lives, Orchard Books, 323p., environ 10€ (2014), 3,5/5 étoiles

Je poursuis mon cycle de lecture ayant attrait à la littérature "young adult", mêlant paranormal et romance. Car à bien des égards, ce livre est très proche de "Every Day", dont je vous avais déjà parlé avec plaisir sur ce blog il y a quelques semaines de cela. Vous allez comprendre dès le résumé. 

Sabine a 18 ans, un petit copain parfait, est en passe d'entrer dans la très prisée université d'Harvard… Mais ça, ce n'est que dans l'une de ses deux vie. Car dès que vient l'heure de minuit, Sabine se déplace dans son autre espace-temps : sa seconde vie. Elle revit la même journée deux fois, chaque fois de manière différente, entourée par d'autres amis, une autre famille… Mais cela s'avère bien trop pesant pour Sabine, qui souhaite simplement vivre une vie normale, juste une seule. Et pour cela, elle n'hésitera pas à se mettre en danger, au risque de perdre la moitié d'elle-même…

Assez semblable au topo de Every Day, n'est-ce pas ? Et pourtant, ces livres sont en réalité très divergents, tant sur le fond que sur le style de l'auteur. Il est drôle aussi de constater l'a priori négatif que je portais à ce bouquin : on ne va pas se mentir, la couverture est totalement ratée. Désolée pour le graphiste, mais le découpage de la jeune fille est plutôt moche. Mais pire que ça, j'ai pris peur lorsque j'ai vu les autres couvertures des précédents livre de Jessica Shirvington, fièrement exposés à l'intérieur de l'ouvrage. Vous allez sûrement me trouver totalement superficielle (et pour le coup vous auriez raison…) mais je pense qu'une couverture reflète souvent le contenu du livre : n'oublions pas que l'enveloppe du récit fait partie d'une stratégie marketing poussée, censée attirer une cible précise. Et je ne me reconnaissais aucunement dans celle dépeinte ici… 

J'ai commencé cette lecture à reculons, jusqu'à plonger totalement dedans. La fatigue? L'heure d'aller en cours? De bosser mes concours? Késako? Vous l'aurez compris je pense, pendant quelques jours, ces termes n'ont pas trouvé de véritables échos dans mon esprit. Car le fait est là : l'histoire est prenante, on souhaite comprendre comment Sabine va se débrouiller pour avoir une existence meilleure, quels choix vont la guider, quelle existence elle va finir par préférer… 

Je suis tentée de révéler des éléments du livre pour étayer mon propos, mais je crains de trop en dévoiler si je commence par là. Je vais essayer d'être laconique en expliquant pourquoi je donne 3,5 /5 étoiles à ce bouquin

Tout d'abord, j'avoue ne pas avoir été conquise par l'écriture de Jessica Shirvington, que j'ai trouvé trop plate, n'allant pas assez en profondeur. Là où ça fonctionnait avec David Levithan, cela avait tendance à pêcher ici. Puis j'ai regretté quelques (gros) éléments de l'histoire : je hais les récits mielleux, et un vers la fin on a droit à un beau moment à la matière. Enfin, j'ai une réaction mitigée face à la fin : c'est comme si l'auteur avait souhaité nous émouvoir, mais pas trop non plus, car il faut terminer sur une note très positive pour immédiatement redonner le sourire au lecteur. Je ne sais pas trop quoi penser de ce procédé. D'ailleurs, je parie mon superbe exemplaire de Alice's adventures in Wonderland que cela débouchera certainement vers une suite ! 

Sinon, retournons vers ce qui m'a fait apprécié ce livre. Le fait que l'héroïne ait 18 ans m'a beaucoup plus. J'avais l'impression que tous les récits étiquetés young-adult se cantonnaient à représenter des adolescents de 16 ans. Rien qu'avec ça, l'histoire parvient à gagner en originalité et surtout à parler de sujets plus variés : je sais pas vous, mais ça fait du bien de lire des "shit" ou "fuck" à répétition parfois ! Allez, c'est sur ces doux mots que je vous quitte : on se retrouve à la prochaine chronique ? :)




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Chronique #4 : Northanger Abbey, Jane Austen

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AUSTEN, Jane, Northanger Abbey, Éditions 10-18, Domaine étranger, 285p., 7,10€ (2000/1817), 4/5 étoiles

Ahlala, Jane Austen… Une auteur appréciée de tous, semblant faire l'unanimité… Et moi, je me met à découvrir son oeuvre au bout de 20 ans !

Pour débuter, j'ai décidé de jeter mon dévolu sur "Northanger Abbey", roman plus confidentiel - toutes proportions gardées, bien évidemment - et considéré comme féministe avant l'heure. Pourquoi donc ? Même si cela reste léger, on peut sentir au fil des pages un souffle de liberté, d'indépendance de l'héroïne par rapport aux carcans aliénants de l'époque.

L'héroïne justement, parlons-en. Catherine Morland est une jeune femme de 17 ans, originaire de Fullerton, un petit village d'Angleterre. Membre d'une fratrie de 10 frères et soeurs, Catherine ne sait tenir en place que quelques minutes d'affilée. Acculée dans sa bourgade, elle profite de la proposition des Allen, des amis de la famille, qui souhaitent l'emmener à Bath, une ville branchée et mondaine, lui permettant d'entrer dans la société et de nouer de nombreuses relations. À n'en pas douter, celle avec Henri Tinley sera celle qui la marquera à jamais…

Je ne suis pas adepte des romans sentimentaux, et pourtant, j'ai adoré "Northanger Abbey", que j'ai lu très rapidement tant je voulais connaître la suite. Ce roman est empli d'une douceur exquise, j'avais la sensation d'être dans un cocon douillet tandis que je lisais cette oeuvre. Les personnages, surtout l'héroïne, sont très approfondis, et on ne peut s'empêcher de nouer de nombreux sentiments à son égard. La romance est subtile, dans le sens où elle n'accapare pas toute la trame narrative : Jane Austen a pris le soin d'éviter ce qui est pour moi un écueil, tout en privilégiant les aventures annexes.

Si ce n'est pas déjà fait, je ne saurais que vous conseiller ce très beau livre - n'en déplaise à M. Tinley ! Quant à moi, je me presse de dévorer la bibliographie de cette auteur. Ah tiens, ça tombe bien, Raison et sentiments fait partie de mon challenge 2015 ! :D

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Chronique #3 : Le Maître des Illusions, Donna Tartt

09:39 MandyBooks 1 Commentaires


 TARTT, Donna, Le Maître des Illusions, Pocket, édition de luxe, 790p., 9,10€ (1992/2014), 5/5 étoiles


Je sais que cela peut paraitre extrêmement bateau de commencer cette critique en annonçant que certains livres ont le don de nous remuer, de nous hanter, de nous fasciner. De laisser une trace indélébile dans nos esprits, pour le dire plus simplement. C'est niais, commun, banal. Mais c'est vrai. Et c'est ce qui m'est arrivé avec le merveilleux "Le Maître des Illusions", le premier roman de la romancière américaine Donna Tartt. 

Ici, nous plongeons dans l'univers de Richard, un jeune californien qui débarque à l'Université de Hampden, dans le Vermont, dans le but d'étudier la littérature anglaise. Or, son parcours universitaire prend un tournant lorsqu'il prend connaissance de Julian Morrow, mystérieux et fascinant professeur de grec et de latin qui trie ses élèves sur le volet. Ses quatre étudiants - les jumeaux Charles et Camilla, le bruyant Bunny, l'élégant Francis, et surtout, le grand et brillant Henry - exercent une attraction incontrôlable sur Richard. Grâce à un concours de circonstances, il parvient à entrer dans ce cercle très prisé. À partir de cet instant, son destin va complètement basculer… 

Il est très difficile de placer ce livre dans une catégorie précise. À la fois roman policier, par le biais du meurtre de Bunny, livre à suspense, puisque ce dernier est promis d'emblée, mais surtout une incroyable fiction, narrée toute en finesse, avec une écriture ayant le don de nous faire voyager jusqu'aux contrées du Vermont. En lisant ce livre, j'avais l'impression de marcher aux côtés des protagonistes, de pénétrer leur intimité, d'avoir la chance d'assister, moi aussi, aux très sélects cours de M. Morrow… Le fait que la littérature classique soit omniprésente a, je pense, très certainement joué dans l'élaboration de cette ambiance fantasmatique, onirique. J'ai adoré imaginer ces étudiants, parés d'un style anglais et bourgeois, au coeur de cette authentique et confidentielle faculté. Vraiment, "Le Maître des Illusions" fait partie de ces livres inoubliables. 

Ce roman est un long pavé de 800 pages, segmentées par quelques chapitres, constitués, en moyenne, de 100 pages. Pour autant, ce livre se lit tout seul, tellement on se retrouve happé dans cette histoire irréelle. Par moments, j'étais littéralement à bout de souffle face à la trame qui était en train de se dessiner. Nous savons dès le départ que Bunny va être tué par ses acolytes : mais pourquoi, comment ? Qu'est-ce qui va subvenir par la suite ? Sérieusement, je vous met au défi de lâcher ce bouquin ! 

À bien des égards, ce roman m'a fait curieusement penser à "Thérèse Raquin", d'Émile Zola. Est-ce un hasard si c'est également un de mes livres préférés? Je ne crois pas. J'ai retrouvé cette même atmosphère magnétique, ce même déchirement entre les personnages, ces descriptions soignées, nous permettant d'en apprendre plus sur le contexte et la personnalité des héros. 

La philosophie grecque a pour maxime l'idée que les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. Cela n'a jamais paru aussi vrai. 

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Chronique #2 : Every Day, David Levithan

16:29 MandyBooks 0 Commentaires


LEVITHAN, David, Every Day, Ember, 384p., 8,80 € (2013), 4,5/5 étoiles. 


A comme Attendre et Aimer. Voilà deux mots qui pourraient qualifier la posture du héros de David Levithan, l'énigmatique A, dans son très beau roman Young Adult "Every Day". 

Je ne pense pas être la seule, mais j'aime lire des histoires originales, quasi-inédites, qui me transportent dans un univers à la fois totalement étranger et terriblement réel. C'est ce que j'ai pu retrouver dans ce roman à l'écriture très simple, narrant les aventures de A, un individu de 16 ans, sans genre sexuel prédéfini, qui vogue chaque jours de corps en corps, et ce depuis toujours. A peut donc être un jour une fille superficielle, vivant dans un quartier huppé du Vermont, et se réveiller le lendemain matin dans le corps d'un garçon obèse à l'autre bout de la côte Est. Seule constante : il/elle doit attendre 365 jours pour être dans la peau d'une personne un poil plus âgée. 

Malgré la douleur de ce processus, l'empêchant de mener à bien sa propre destinée, d'obtenir une enveloppe charnelle bien à soi, A s'est accommodé, tant bien que mal, à ce mode de vie surprenant. Mais tout bascule lorsque, dans la peau de Justin, un ado rockeur au tempérament je-m'en-foutiste, il rencontre la petite-amie de ce dernier : Rhiannon. C'est alors le coup de foudre pour A, qui va tout faire pour revoir la jeune femme, n'hésitant pas à "prendre en otage" les corps qu'il habite par la suite… 

J'avais placé énormément d'attentes dans ce livre. Le résumé, ainsi que les divers échos que j'en avais eu, m'avaient emballé. Je peux dire que je n'ai pas été déçue. J'aime la littérature Young Adult, mais je regrette souvent le fait que les récits se répètent à l'envi, que les histoires d'amour soient trop mièvres… À mon plus grand plaisir, ce n'est pas le sentiment que j'ai eu à la lecture de ce roman. Bien sûr, la relation entre A et Rhiannon est au centre de la narration, mais pour autant, l'auteur n'en fait pas du pathos. Et ça fait du bien. Car cette histoire est tellement originale, émouvante, qu'il aurait été dommage qu'elle soit gâchée par un excès de sentimentalisme. 

Plus que la palette de personnages présentés, j'ai aimé le message véhiculé par Levithan à propos de la question du genre, de l'homosexualité et de la transexualité : les différences entre filles et garçons sont purement construites par le milieu social et sociétal dans lequel s'ancre l'individu, tandis que l'amour entre deux personnes du même sexe n'a même pas à être débattue, puisque c'est quelque chose de normal. Ca aussi, ça fait un bien fou.

Le point faible de ce livre pourrait résider dans sa longueur. Les jours s'égrenant, les nouveaux corps apparaissent et se présentent. Sauf que l'on ignore où tout cela va nous mener. Certains chapitres donnent l'impression d'avoir comme seule fonction de repousser l'heure du dénouement. Heureusement, l'histoire est prenante et il est donc plus évident de passer outre ce désagrément. 

Pour ce qui est de la fin, je ne la révélerai évidemment pas, mais je pense que celle-ci est très bien trouvée et ne part pas dans un scénario complètement délirant, ce que je redoutais. Et un petit conseil : gardez bien précieusement un petit mouchoir à côté de vous ! 

Je ne pourrai que vous conseiller de lire ce livre en anglais, comme je l'ai fait : la langue est très compréhensible, il n'y a pas de difficultés majeures, et le style de l'auteur est fait pour être lu en version originale. À noter que dans la version que j'ai acheté, j'ai eu droit à un prequel, nommé "Six earlier days". Autant dire qu'ils n'apportent rien de plus à l'histoire : ces chapitres ont clairement été ajoutés pour permettre aux plus grands fans de continuer l'expérience de lecture. 

Une suite, nommée "Another Day", est attendue pour l'été 2015. L'histoire sera narrée du point de vue de Rhiannon, mais j'ignore totalement si cela relatera la même histoire - auquel cas cela s'avérait complètement inutile - ou si nous retrouverons nos protagonistes dans un futur plus ou moins proche. Dans tous les cas, le rendez-vous est pris!

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Je suis Charlie, mais je suis aussi tous les autres…

14:57 MandyBooks 0 Commentaires



J'ai hésité à écrire cet article. Longuement. Comment trouver les mots pour traduire l'horreur, comment dire ce qui n'a pas déjà été dit, comment s'exprimer face à ces témoignages bouleversants qui se succèdent ? 

Puis j'ai décidé de prendre mon clavier, d'abord en tant que jeune femme choquée par ces événements, puis - et surtout - en tant que citoyenne. Citoyenne française, citoyenne du monde. D'un monde libre et démocratique. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce qui s'est déroulé, juste des condoléances à énoncer. Des manifestations à mener, des soutiens à exprimer. Et surtout, rester unis. Refusons nous de céder à l'amalgame, ce champ funèbre que tentent de nous souffler ces politiques véreux, ne respectant rien ni personne. Rendons leur hommage de la meilleure manière, soyons impertinents ! Et surtout, continuons leur combat. Celui pour lequel ils ont perdu la vie…

Avec Charlie, on se croisait, on se regardait furtivement. On se fleurait parfois, mais ça ne durait jamais longtemps. Je n'ai jamais émis l'acte d'acheter ce journal. Je souriais souvent, devant les "unes", bien que je ne sois pas adepte de l'humour Charlie Hebdo. Mais ils avaient le mérite d'exister, de contrebalancer le monde de la presse, lisse, uniforme et unidirectionnel. Ils n'étaient pas financés par la publicité, n'avaient pas des actionnaires millionnaires dans leurs rangs. C'était juste une bande de gars, un groupe de potes, qui s'amusaient à créer un journal. Rien de plus, rien de moins. Ah si, ils tentaient de faire passer un message aussi, même s'il ne pouvait pas toujours être très bien interprété, même par moi. 

Ce message les a tués. Massacrés pour un coup de crayon. Exterminés pour avoir donné leurs avis, tels des parias. Non, encore pire. Assassinés en plein 11ème arrondissement de Paris, en pleine journée. Mais après tout, qu'importe le contexte, le résultat est malheureusement le même… 

Ils n'ont pas tué Charlie. Ne leur donnons pas ce plaisir. Ils ne nous réduiront pas au silence. Mobilisons nous, montrons nous ! Crions, marchons, soutenons ! Cela ne les ramènera pas, mais nous devons afficher notre solidarité. Tentons de les rendre un tant sois peu fier, là-haut ou ailleurs. 

Merci Charlie, pour tout. Nous ne vous laisserons pas mourir. Vous vivrez éternellement. 



Je suis Charb, je suis Tignous, je suis Wolinski, je suis Cabu, je suis Honoré, je suis Bernard, je suis Ahmed, je suis Franck, je suis Elsa, je suis Michel, je suis Mustafa, je suis Frédéric, je suis Clarissa. Je suis Charlie


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Joy Sorman, Du bruit : Où sont mes bombes, avec lesquelles j'exerçais dans l'ombre

12:03 MandyBooks 3 Commentaires




SORMAN, Joy, Du bruit, Gallimard, Folio, 143p., 5,20 € (2007), 4/5 étoiles. 


Faire du bruit. Matière bruyante, poisseuse, abrasive, qui colle au visage. Voilà comment l'auteur définit cet état. Transcendant, irréel, corrosif, brut. Voilà, cette fois-ci, comment je pourrais qualifier l'oeuvre de Sorman, "Du bruit". 

Avant d'entrer davantage dans la chronique de ce livre, il est important de parler du contexte dans lequel je l'ai lu. Je ne me suis pas réellement présentée dans l'article précédent, et je le ferai sûrement bientôt, mais il faut savoir qu'en dehors - ou plutôt en complémentarité - de mes cours, je travaille en librairie indépendante. Eh oui, j'ai cette joie, cette chance immense et réelle, de pouvoir m'enfermer pendant la pause déjeuner dans ce lieu plein de vie, de savoir, de poésie… Je côtoie des milliers d'histoires, de personnages différents sans vraiment en prendre conscience. Un coup d'oeil et j'ouvre un de ces univers merveilleux, ou non. Je fais de la communication à la fac, et donc on tape dans le mille, également à la librairie. En octobre, nous avons organisé une soirée autour de notre invitée, Joy Sorman, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre, "La peau de l'ours" (Gallimard). J'avoue qu'au départ, j'avais un a priori plutôt négatif : son style était réputé alambiqué, sa pensée "machiste", ses thèmes de prédilection quelques peu bizarre (zoophilie bonjour !). Bref, c'était pas vraiment la joie absolue. Mais en l'écoutant parler, ma vision d'elle s'est modifiée : j'avais en face de moi une femme intelligente, charismatique. Alors je me suis laissé tenter. 

Il faut savoir que je suis fan de hip-hop. J'aime ce style de musique unique, taillé dans la roche. J'aime cette improvisation, ce freestyle, que savent si bien manier les bons rappeurs. J'aime le flow saccadé, haché, craché. Et, entre autres, j'aime NTM, ce groupe mythique vu par Sorman tout au long du livre… Vous comprenez sûrement mieux pourquoi mon choix s'est porté sur "Du bruit"! Puis j'ai parlé quelques minutes avec Joy : on a discuté autour de notre passion commune, de nos artistes préférés… Je ne saurais pas dire pourquoi, mais on sentait que le rap et elle, c'était quelque chose. Au point même qu'elle m'a "avoué" qu'elle s'inspirait énormément du phrasé du rap dans l'écriture de ses textes. 

Elle ne m'a pas menti. "Du bruit" est un cri du coeur, un livre qui retrace le parcours du célébrissime groupe parisien NTM, le tout vu sous les yeux de sa narratrice, Joy herself. Ce sont des mémoires exacerbées, extrapolées, vivantes et tranchantes. Ca sort des tripes. En lisant ce bouquin, on se dit qu'on est passé à côté de quelque chose : "putain, mais pourquoi on est né si tard ? Pourquoi on a pas pu vivre de nous-même cette expérience unique ?". En vérité, c'est très dur de résumer ce livre, tant le point de vie est si passionnel. Mes mots ne pourraient refléter ne serait-ce qu'un minimum la chaleur de ce récit, cette chaleur sanglante, qui vient du corps, qui vient du coeur. À la lecture, on est comme happé par la foule, on a les oreilles qui saignent d'avaler tant de décibels, on a l'impression de voir Joeystarr juste en face de nous, en train de sortir son cri venu des cavernes. Joeystarr, parlons-en justement : il éclipse entièrement Kool Shen ; c'est double r, alors tout lui est pardonné. Tout chez lui semble fantasmé. Sorti de l'enfer pour faire trembler la foule. 

Les situations rocambolesques entre les personnages ? On n'en a que faire. Tout parait si réel, tellement on est pris dans le fer de l'histoire. On a tous envie d'avoir un Sam, à côté de nous, à un concert, en train de nous débiter des faits irréels sur le groupe. On veut simplement profiter de chaque secondes de ce moment qui ne se reproduira plus

Le style peut un peu surprendre au début, voire repousser. L'écriture est faite d'emphases, mais semble surtout avoir été couchée sur l'instru d'un morceau du groupe. Mais au fur et à mesure, on en redemande même. 

Ce qui est incroyable avec ce livre, c'est que le souvenir que j'ai de lui est encore meilleur que sa lecture. C'est comme si la passion nostalgique transmise par Joy Sorman à propos de NTM se transposait au livre. Là, on se dit "ah ouais, c'était quelque chose quand même". 

Je pense que ce livre plaira davantage aux amateurs de rap. Toutefois, il est toujours bon de se faire un avis, rien que pour le style de l'auteur. Et puis qui c'est, peut-être qu'au final, Joy Sorman aura réussi à former un(e) nouvel(le) adepte, une nouvelle personne qui se dira "putain, si seulement j'avais vécu ça". Je vous le souhaite. ;)

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Le début d'une histoire…

22:59 MandyBooks 2 Commentaires

Le premier chapitre est toujours très important. Cet incipit est tellement précieux qu'il s'avère souvent être l'élément privilégié en vue d'en faire une analyse fine, permettant, au final, de décrocher le précieux sésame validant les examens. 

Commencer une histoire, voilà qui est complexe. On ne sait pas toujours par quel bout débuter l'aventure, comment se présenter, quel trait mettre en avant, lequel autre il est préférable de cacher, pour le moment du moins. Il faut essayer de séduire le lecteur - qui appréhende parfois cette nouvelle lecture - pour le tenter à poursuivre le cheminement de l'histoire. Un marketing littéraire très bien rôdé, en somme. Voilà qui est ardu. 

Alors je commencerai tout bêtement en avouant que oui, j'aime lire, c'est même certain. Pour autant, je ne pense pas pouvoir dire que cet amour pour cette activité soit inné. Lire n'a pas toujours été une partie de plaisir. Mais comme tout, cela s'apprivoise. Il faut du temps pour trouver le bon livre, celui qui provoquera un coup de foudre irrémédiable pour la littérature. J'ai eu cette chance, avec plusieurs ouvrages qui se sont fait une place dans mon coeur. Mais peu importe que ce livre-révélateur soit considéré comme mauvais par les autres : un livre qui plaît à une personne est un bon livre. Cette quête, si dure, peut mettre du temps, mais elle n'est pas vaine. 

Comme je l'ai dit, j'aime lire. J'aime cet instant où je me retrouve seule, en compagnie d'un livre. Ce moment, qu'il soit forcé, agréable, pénible, plaisant, qu'importe au final, est toujours un moment qui me procure des émotions. Alors ces émotions, j'aimerais les partager avec vous au travers de ce blog. J'aimerais échanger autour de mes coups de coeur, de ces ouvrages dont je n'ai jamais compris le sens et que j'ai été forcé de reposer avant la fin, de ces livres qui m'incitent, chaque fois que je les aperçois, à vider mon compte en banque. Alors que l'aventure commence… En espérant que vous me suiviez jusqu'au prochain chapitre ! 


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