Chronique #3 : Le Maître des Illusions, Donna Tartt
Je sais que cela peut paraitre extrêmement bateau de commencer cette critique en annonçant que certains livres ont le don de nous remuer, de nous hanter, de nous fasciner. De laisser une trace indélébile dans nos esprits, pour le dire plus simplement. C'est niais, commun, banal. Mais c'est vrai. Et c'est ce qui m'est arrivé avec le merveilleux "Le Maître des Illusions", le premier roman de la romancière américaine Donna Tartt.
Ici, nous plongeons dans l'univers de Richard, un jeune californien qui débarque à l'Université de Hampden, dans le Vermont, dans le but d'étudier la littérature anglaise. Or, son parcours universitaire prend un tournant lorsqu'il prend connaissance de Julian Morrow, mystérieux et fascinant professeur de grec et de latin qui trie ses élèves sur le volet. Ses quatre étudiants - les jumeaux Charles et Camilla, le bruyant Bunny, l'élégant Francis, et surtout, le grand et brillant Henry - exercent une attraction incontrôlable sur Richard. Grâce à un concours de circonstances, il parvient à entrer dans ce cercle très prisé. À partir de cet instant, son destin va complètement basculer…
Il est très difficile de placer ce livre dans une catégorie précise. À la fois roman policier, par le biais du meurtre de Bunny, livre à suspense, puisque ce dernier est promis d'emblée, mais surtout une incroyable fiction, narrée toute en finesse, avec une écriture ayant le don de nous faire voyager jusqu'aux contrées du Vermont. En lisant ce livre, j'avais l'impression de marcher aux côtés des protagonistes, de pénétrer leur intimité, d'avoir la chance d'assister, moi aussi, aux très sélects cours de M. Morrow… Le fait que la littérature classique soit omniprésente a, je pense, très certainement joué dans l'élaboration de cette ambiance fantasmatique, onirique. J'ai adoré imaginer ces étudiants, parés d'un style anglais et bourgeois, au coeur de cette authentique et confidentielle faculté. Vraiment, "Le Maître des Illusions" fait partie de ces livres inoubliables.
À bien des égards, ce roman m'a fait curieusement penser à "Thérèse Raquin", d'Émile Zola. Est-ce un hasard si c'est également un de mes livres préférés? Je ne crois pas. J'ai retrouvé cette même atmosphère magnétique, ce même déchirement entre les personnages, ces descriptions soignées, nous permettant d'en apprendre plus sur le contexte et la personnalité des héros.
La philosophie grecque a pour maxime l'idée que les choses terribles et sanglantes sont parfois les plus belles. Cela n'a jamais paru aussi vrai.
Très belle chronique, déjà que tu m'en avais donné envie avant, maintenant j'ai encore plus hâte de commencer ce livre!
RépondreSupprimerJ'espère que les gros chapitres ne me feront pas trop peur, mais au pire, j'y ferai face!